E-CHO: Un projet à haut risque industriel
Selon une enquête en cours de l’ONG internationale Biofuelwatch, le projet E-CHO présente un haut risque industriel, car « chacune de ces usines nécessiterait la mise en place de technologies dont le développement n’est pas encore abouti, où que ce soit dans le monde », à savoir :
L’électrolyse de l’hydrogène1 est une technologie à forte consommation d’énergie qui a été testée avec succès, mais pas encore à l’échelle proposée par E-CHO. Aucun électrolyseur de cette taille n’a été mis en service. Le plus gros existant actuellement, qui vient d’être mis en service en Chine, ne fait que 240 MW.
Toutes les tentatives passées visant à produire des carburants liquides pour le transport, y compris des carburants d’aviation, à partir de bois ont échoué ;
Bien que la technologie de fabrication de l’e-méthanol ait été éprouvée, l’e-méthanol n’a jusqu’à présent été produit à grande échelle nulle part dans le monde, le coût de l’hydrogène et du dioxyde de carbone constituant les principaux obstacles.
Aucune installation de cette ampleur n’existe actuellement et aucune installation de moindre envergure à base de biomasse forestière n’est parvenue à un stade industriel fonctionnant sur la durée.
Pire, le procédé de fabrication de kérosène à partir de biomasse forestière lui-même pose problème. La corrosion et l’encrassement lors de la gazéfaction et la liquéfaction sont tels qu’il n’y a pas de solution technique pour faire fonctionner le processus en continu actuellement.
Auditionné par le Sénat en avril 2023, le PDG de TotalÉnergies, Patrick Pouyanné, dit à propos des biocarburants de deuxième génération : « on ne sait pas fabriquer du 2G à base de déchets forestiers ou végétaux, aujourd’hui à échelle industrielle (…) On a mis beaucoup d’argent, avec Shell et les autres. Mais on arrive sur des filières de biotechnologie. Cela marche en labo, en pilote, mais cela ne marche pas à l’échelle industrielle. » Point de vue corroboré par l’ONG Biofuelwatch, qui constate qu’un projet utilisant la même technologie que BioTJet, le projet de Red Rocks Biofuels aux États-Unis, a échoué après avoir englouti 75 millions $ de subvention du gouvernement et 300 millions $ d’un prêt garanti par l’État de l’Oregon.
Élyse Energy ne peut ignorer ces échecs, ce qui n’a pas empêché la jeune start-up de bénéficier déjà de 7,9 millions d’euros de subventions publiques et de solliciter en tout 2 milliards d’Euros d’investissements. La CNDP cite le Cahier d’acteur déposé par Rester sur Terre le 17 janvier 2024 : « Nous mettons donc en garde l’État et les collectivités locales qui pourraient être tentées de soutenir le projet E-CHO : non seulement le bio-kérosène de 2e génération constitue une mauvaise solution contre le réchauffement climatique, mais ses chances de succès sont faibles. »
Si le complexe industriel d’E-CHO devait voir le jour, il représente également des risques considérables pour la population locale, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes reprises dans le bilan de la CNDP. On peut noter un risque de pollution de l’air, qui sera certainement aggravé par les transports du bois (15000 camions par an). Les émissions de GES générées par le transport de la biomasse seront importantes, surtout si, selon les aires d’approvisionnement, le transport doit se faire sur de plus longues distances (éventuellement même par bateaux). Le méthanol est un gaz hautement toxique, avec des risques pour la santé des riverains de Lacq, où il existe déjà une surmortalité par maladies respiratoires et cardiovasculaire. Une étude participative de Santé Publique France est en cours.2
Les Shifters de Pau notent aussi les risques suivants:
- Les fuites d’hydrogène, gaz très difficile à étancher. L’hydrogène qui n’est pas un gaz à effet de serre, mais détruit les radicaux OH de l’atmosphère ce qui favorise l’effet de serre (ce nouveau sujet de recherche commence à être documenté).
- Les fuites ou rejets de CO2.
- Toutes les pollutions inhérentes aux opérations de raffinages et de transports de carburants, fuites et rejets à l’atmosphère, torchage et events “froids”.
- Les manipulations de produits chimiques en particuliers ceux du traitement de l’eau utilisée par les électrolyseurs.
- Les rayonnements électromagnétiques résultants des très fortes intensités de courants dans les électrolyseurs, 2 à 5 millions d’Ampères.
- Les pollutions sonores .
Pour lire le rapport de Biofuelwatch
- C’est-à-dire l’utilisation de l’électricité pour diviser des molécules d’eau ↩︎
- https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/bassin-industriel-de-lacq-publication-des-resultats-de-l-etude-de-mortalite-et-evaluation-de-la-faisabilite-d-une-etude-de-morbidite ↩︎
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