Eau

E-CHO : Des risques pour la ressource en eau

Pour alimenter le procédé d’électrolyse nécessaire à la production de 72 000 tonnes d’hydrogène, le projet E-CHO sera très gourmand en eau: un débit collecté dans le gave de Pau de 7,7 Millions de m3/an et un débit rejeté 3,3 Millions de m3, soit un prélèvement net de 4,4 Millions de m3/an. De plus, l’électrolyseur prévu a une puissance de 520 MW, alors que les électrolyseurs de 100 MW ou 200 MW actuellement en phase d’essai ailleurs consomment d’ores et déjà davantage que la consommation annuelle annoncée.

Les prélèvements pour l’ensemble du site de Lacq étaient de 11 millions de m3 en 2022 et l’Agence Adour Garonne a autorisé un prélèvement total (Gave et eau potable) de seulement 14,8 millions en mai 2023 : « Les 7 millions de m3 du projet en devenir vont nécessiter des efforts de réduction majorés par rapport à la situation initiale (à priori 2016-2020) même si les prélèvements industriels ont certes largement diminué depuis 2003 ». Elyse a donc demandé une autorisation de prélèvements supplémentaires, sans même envisager une économie circulaire de l’eau: « N’aurait-on pas pu réutiliser des eaux déjà utilisées par d’autres industriels pour limiter les prélèvements sur le milieu ? », s’interroge l’Agence Adour Garonne.

Car, fait sans précédent, dans sa contribution au cahier d’acteurs, l’agence gouvernementale elle-même pointe les défaillances du projet dans une contribution au cahier d’acteurs, où elle rappelle que la consommation annuelle annoncée représente celle de 80 000 habitants, soit celle d’une ville de la taille de Pau. Alors que d’autres industries locales doivent diminuer les leurs et qu’il y a des restrictions de plus en plus fréquentes pour les particuliers et les agriculteurs en période de sécheresse, il n’y a pas dans le projet E-CHO de mise en comptabilité du plan de sobriété nationale, qui prévoit une baisse globale des prélèvements en France de 10 % d’ici 2030.

L’agence Adour Garonne s’interroge donc aussi sur la compatibilité de ce projet avec le Plan de sobriété national qui va être décliné localement dès cette année. « C’est un projet qui n’est pas neutre, alors que l’enjeu est de trouver comment économiser 37 millions de m3 par an à l’horizon 2030 sur le bassin de l’Adour, ces millions de m3 consommés par le projet d’Elyse Energy vont nécessiter des efforts de réductions majorés. (…) À chaque fois qu’on réfléchit à la mise en place d’un projet, il est important aujourd’hui de se poser toutes ces questions pour que chaque goutte d’eau que l’on prélève soit utilisée au maximum et au mieux. »

Pour lire le cahier d’acteur de l’Agence de l’Eau

Enfin, Elyse ne prend en compte ni les périodes d’étiage ni les variations de débit du Gave et se base sur un débit constant qui serait équivalent à celui de 2000 ! Or, dans les Pyrénées, une aggravation de la sévérité des étiages et une tendance à la baisse de la moyenne annuelle de débit des gaves ont été enregistrées sur 40 ans. Aux dérèglements du cycle de l’eau en lien avec les activités humaines s’ajoutent la disparition très rapide de tous les glaciers pyrénéens et l’observation alarmante du tarissement de nombreuses sources d’altitude. L’étude transfrontalière PIRAGUA,1 publiée tout récemment, prédit une baisse de 15% du débit des rivières dans les Pyrénées d’ici 2040.

Les conflits d’usage vont donc se multiplier, conflits majeurs puisqu’il faut de l’eau potable pour la population et de l’eau d’irrigation pour les agriculteurs qui doivent subvenir aux besoins alimentaires de cette population. L’étude Adour 2050 est arrivée à des conclusions alarmantes en ce qui concerne la ressource en eau de la région : « Le déficit des bassins versants va se creuser si les besoins en eau restent constants, surtout pendant la période d’étiage, car les apports naturels seront moins importants. L’augmentation des débits de début de printemps ne pourra pas compenser la baisse des débits en été même si le surplus d’eau printanier est stocké. »2

Pour lire l’étude Adour 2050

  1. https://www.brgm.fr/en/reference-completed-project/piragua-decrease-15-flow-rivers-pyrenees-2040 ↩︎
  2. https://www.institution-adour.fr/adour-2050/etude-prospective-adour-2050.html (p.41) ↩︎

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