Biodiversité

La biodiversité – dont nous dépendons – menacée

Pour lire notre contribution au cahier d’acteurs

L’impact du projet E-CHO sur la biodiversité n’a été pour le moment étudié que pour le seul site de Lacq, sans tenir compte des conséquences de l’approvisionnement en bois et en eau sur la biodiversité de la forêt et des milieux aquatiques. Or, le Gave de Pau et ses abords bénéficient de la plus haute protection environnementale, depuis la création, le 10 octobre 2014, d’un Site Natura 2000 dont l’objectif était de protéger une biodiversité exceptionnelle. Comme nous le disions dans notre contribution au cahier d’acteurs de la concertation publique : « 81% du territoire du Gave de Pau est composé d’une grande diversité d’écosystèmes : plus de 4000 hectares de forêts alluviales et mixtes, 205 types d’habitats naturels ou semi-naturels dont 99 types d’habitats d’intérêt communautaire. Parmi ces derniers, 18 types sont des habitats naturels prioritaires. La liste est impressionnante: végétation arborescente, prairies, pelouses, marais, eaux dormantes, plantes amphibies ou poussant près de zones humides. Tous ces biotopes accueillent de nombreuses espèces protégées et menacées (tourterelle des bois, lamproies, saumons, aloses, chabots, moules, écrevisses à patte blanche, libellules..).»

Il est évident qu’un prélèvement annuel de 7 millions de m3 dans ce gave représente un risque de désolation des milieux aquatiques, déjà lourdement impactés par le réchauffement. Si l’on ajoute à cela le fait que les eaux de refroidissement rejetées pourraient atteindre des températures allant jusqu’à 30°C et transporter des polluants, il paraît clair que le projet aura des conséquences néfastes pour la biodiversité aquatique. Les alevins et les salmonidés sont particulièrement vulnérables, car ils dépendent d’eaux froides pour leur survie.

Les algues aussi se multiplient dans des eaux chaudes, stagnantes, avec un taux d’azote élevé, ce que l’on peut observer de plus en plus fréquemment sur les rives des gaves pyrénéens l’été, période d’étiage et de recours aux fertilisants azotés. Les conséquences sur tous les milieux, y compris côtiers, sont importantes. L’agence Adour Garonne avait étudié dès 1994 la prolifération des algues vertes, dont on connaît l’impact désastreux sur le tourisme, dans le bassin d’Arcachon1. Déjà a cette époque, l’agence tirait la sonnette d’alarme : « Le fait le plus marquant en matière d’évolution du milieu au cours de ces 20 dernières années est, sans aucun doute, l’augmentation de la concentration en nitrate des masses d’eau internes du Bassin, directement liée à l’accroissement des apports d’azote d’origine agricole dans les cours d’eau.» Elle notait le lien entre déforestation et augmentation de l’azote dans les cours d’eau : «  L’évolution de l’occupation du sol (notamment l’extension d’une agriculture de type intensif aux dépens de la forêt) a eu pour conséquence directe une aggravation des phénomènes de lessivage, en particulier de l’azote. »

On le sait, tous ces phénomènes se sont accélérés depuis, avec de nouvelles algues toxiques ayant fait leur apparition sur les cotes basques. E-CHO est susceptible d’y contribuer par les prélèvements dans le gave de Pau et par la diminution des surfaces forestières. Les récoltes de biomasse, dont une partie en coupe rase, risquent d’accroître les problèmes d’érosion des sols et donc d’aggravation de l’intensité des crues, en affaiblissant le rôle fondamental des forêts dans la régulation du cycle de l’eau. De plus, le tassement des sols, provoqué par la récolte industrielle et l’absence de couverture végétale des terrains en pente provoquent un effet « chasse d’eau » : lors de pluies abondantes, le terreau fertile de surface est emporté dans les rivières dont le lit est de moins en moins profond. Les inondations deviennent plus fréquentes avec des conséquences désastreuses pour l’environnement et l’homme.

Cette malforestation a évidemment également des effets néfastes sur la biodiversité des forêts. La pratique des coupes rases consiste à défricher entièrement les terrains forestiers, déracinant tous les végétaux, ramassés par de lourds engins qui tassent le sol. Le terrain, vidé de sa faune et de sa flore, est ensuite retourné pour planter des alignements d’essences à pousse rapide, plus rentables que la forêt de feuillus abattue. Ces plantations attirent moins de faune (oiseaux et pollinisateurs), d’autant qu’elles sont plus vulnérables aux maladies et donc parfois traitées avec des produits phytosanitaires. L’écosystème qui disparaît est remplacé par une exploitation industrielle, majoritairement de résineux, captant moins de CO2 et beaucoup plus vulnérables aux incendies, qui libèrent du CO2 dans l’atmosphère. Il en est de même pour l’exploitation abusive des haies en milieu agricole, qui entraîne la disparition de la trame verte dont dépendent les pollinisateurs et les oiseaux insectivores pour leurs déplacements, ce qui affecte négativement la fertilité et les rendements agricoles.

  1. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/1653/1286.pdf ↩︎

Aidez-nous à protéger nos forêts

Non à la destruction des forêts pour faire voler des avions !